dimanche 9 novembre 2008

Une vie de labeur

Photo : Sophie.P

Combien de mains sont passés sur ton corps ?

Combien de longueur de couloir parcourue ?

Toujours les mêmes rayons, le même parking

Toute une vie de routine à porter charges lourdes

Puis ce dernier voyage, espérance d’autre chose

Un autre monde, un nouvel horizon...

Le dernier chargement, le dernier travail

Jusqu’à ce bord de Seine, cette plage d’algues vertes

Te caressant les dos, le ventre et tes entrailles

Abandonné des hommes et livré à toi-même,

Incapable de te redresser, et rouler à nouveau

Sur tes quatre pattes à la découverte de ce monde

Qui t’a tant fait souffrir.

Un jour, ils viendront te chercher,

Un jour, tu sentiras la pince te soulever,

Un jour tu retrouveras tes frères dans une de ces cités

Dans un de ces mouroirs pour ferrailles rouillantes.

Je ne sais pourquoi en te voyant là,

Moisir dans cette eau sale,

Je pense à ces hommes et ces femmes

Qui, après une vie de labeur,

Se retrouve à rouiller

Abandonnés du monde

Jusqu’à l’heure finale.


3 commentaires:

Kat Imini a dit…

J'ai frissonné en te lisant, oui tu as raison cela fait penser à ces gens, ces êtres, usés par le travail, dont on a tiré tout le suc, asséchés, et qu'on laisse comme résidus au bord du chemin, comme si on ne pouvait considérer que ce qui peut encore donner et donner. Alors que l'on devrait leur rendre hommage et les porter à bout de bras, les reconnaître, au vrai sens du terme...

autrement moi a dit…

Combien de ces gens se dessèchent seules dans une totale ndifférence.. Abandonnés de ceux qu'ils ont nourri, de ceux pour qui ils ont sacrifié bien des bonheurs...
J'ai tendance à penser que Les hommages et la reconnaissance sont comme bien des choses, ils ont avant tout une valeur monétaire.

Anonyme a dit…

Magnifique!
La force de ton poème, c'est qu'après avoir lu la chute, on a envie de le relire! Avec un autre regard!
J'adore ce style!
Quant au fond : certaines personnent finissent comme de vieilles choses, usées d'avoir trop servi! Dans la plus totale indifférence! Si ce n'est que les défenseurs de la nature récupèrent les ferrailles alors que l'Etat laisse ses vieux rouiller dans des
endroits indignes d'un pays civilisé! Quant aux enfants qui n'assument pas, car on ne peut pas tout demander à la Société, des lâches!
Un peu en colère, moi;)
Bises So.