mercredi 13 mai 2009

Histoire courte IV




Je me suis fait mordre. C'était jour de grand froid et le vent glacial me mordillait le visage sans lâcher prise. Je me défendais tant bien que mal à coup de grimace ou de portes cochères salvatrices mais le chemin était encore long. Il me restait encore quelques centaines de mètre à parcourir avant d'arriver.
Finalement, je fus surprise de constater que plus j'avançais et plus la douleur s'atténuait. Mes joues et mes oreilles semblaient être totalement anesthésiées. Mon corps ressemblaient à une momie de glace prêt à exploser en mille morceaux aux moindre choc.

Il était là, derrière la grille et n'avait pas entendu mon arrivée. Je les aime moi, alors comme à mon habitude, je lâche un son pour attirer son attention et pouvoir ainsi mieux admirer son corps athlétique et sa robe soyeuse.
Mais la grille n'était pas fermée. Je ne l'ai pas vu venir mais j'ai senti le déchirement de mon mollet, j'ai senti ses crocs dans mon steak gelé. Comment aurai-je pu me douter que par ce temps à ne pas mettre un chien dehors je croiserai l'un d'eux. Comment aurai-je pu deviner que je me trouverai en face d'un amateur de plats surgelés ?
Il m'a fallu une dizaine de mètre avant de pouvoir me libérer de ce molosse à coup de pied glacé dans l'arrière train.

Visage figés, jambes en lambeaux, et pieds cassés, je suis enfin arrivée à destination. D'un doigtés léger j'ai appuyé sur la sonnette et très vite on m'invita à m'engouffrer dans l'antre. La décongélation a été brutale. Comme une frite plongée subitement dans l'huile bouillante à peine sortie du congélateur, je me suis retrouvée brûlée vive, cuite et dorée à point. A peine ai-je eu le temps de penser qu'il ne manquait plus qu'un peu de sel et de mayonnaise pour compléter le met que je sentis un intense douleur dans le cou. Cannibalisme !! Moi qui pensais le connaître si bien. Moi qui n'avais jamais songé vivre cet amour sous cet angle.
Le son émit par ma bouche encore collée eut pour effet de l'inciter à continuer, plus fort et sur une zone de plus en plus étendue... jusqu'au geste fatal.
D'un coup de main gelée planté tel un piolet dans la glace, j'ai frappé si fort dans son stalagmite, qu'il lâcha prise immédiatement.
Son appareil dentaire s'écrasa lamentablement sur le sol et se brisa dans une mare de sang en mille dents.

Depuis, je ne comprend pas pourquoi il a une dent contre moi malgré tous mes efforts déployés à recoller les morceaux.

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